Entrevue carrière avec Vincent Delisle, CFA, Directeur, Stratégie et Analyse Quantitative, Responsable de la recherche, Québec, Banque Scotia
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Originaire de la ville de Québec, Vincent Delisle est maintenant une figure incontournable du milieu de la finance à Montréal. Aujourd’hui, il cumule les postes de responsable de la recherche pour le Québec et Directeur stratégie et recherche quantitative à la Banque Scotia, Services Bancaires et Marchés Mondiaux. Le mandat de son équipe est d’élaborer la répartition d’actifs et la stratégie boursière mondiale recommandée à une clientèle institutionnelle et pour le réseau de gestion de patrimoine de ScotiaMcLeod.Sa carrière a débuté dans la ville de Québec, d’abord chez Gestion Jean-Claude Dorval comme analyste, puis comme arbitragiste, prêts de titres chez Trust Prêt Revenu. En 1997, il a déménagé à Montréal pour travailler chez Valeurs mobilières Desjardins à titre de stratège de portefeuille puis à la Banque Scotia à partir de 2004.Vincent Delisle est titulaire d’un baccalauréat en finance de l’Université Laval et est membre de CFA Institute depuis 1998 en tant qu’analyste financier. |
Quand avez-vous commencé votre carrière et quel a été votre premier emploi ? Était-ce le poste que vous souhaitiez ?
Après mes études à l’Université Laval, j’ai obtenu un poste dans une firme qui offrait des services de consultation en fonds de pension. C’était un emploi qui convenait bien à mon coffre d’outils; j’y faisais l’analyse de la performance. Dans mon emploi subséquent chez Trust Prêt Revenu, j’ai appris beaucoup. Par exemple, je faisais du prêt de titres en 1994 et 1995, juste avant le référendum; le prix pour vendre à découvert des obligations québécoises avait alors fortement augmenté. Ensuite, l’entreprise a été vendue à la Banque Laurentienne. J’ai alors eu la chance de transiger des obligations et des titres cotés en bourse. Je crois que c’est cette composante qui m’a permis d’être où je suis en ce moment. À cette époque, je faisais également la navette entre Québec et Montréal le lundi soir pour pouvoir suivre des cours pour les examens du programme CFA.
Avez-vous respecté votre plan de carrière ? Combien de fois avez-vous changé d’employeur ou de poste au sein du même employeur jusqu’à présent ? Quelle était la principale raison de ce ou ces changement(s) ?
Mon plan de carrière a été respecté puisque mes changements d’emploi m’ont permis d’apprendre davantage et de progresser. Par exemple, lorsque je suis arrivé chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD), mon objectif était réellement de faire de la stratégie de portefeuille. J’ai donc attendu la bonne opportunité. Mon passage chez VMD m’a aussi permis de participer à la croissance de l’entreprise. À mon arrivée, la clientèle était composée exclusivement de particuliers; nous avons commencé à développer la clientèle institutionnelle à partir de 2001.
Décrivez-nous le poste que vous occupez actuellement. Avez-vous rencontré des obstacles significatifs lors de votre cheminement de carrière ? Qu’aimez-vous le plus dans votre emploi ?
En tant que stratège en chef, je dirige l’équipe de stratégie de portefeuille de la Banque Scotia, dont le mandat consiste à élaborer sur la répartition d’actifs et la stratégie boursière mondiale, visant ainsi à supporter la clientèle institutionnelle et le réseau de gestion de patrimoine de la Banque. Nous ne sommes pas économistes, nous gérons des portefeuilles modèles dont la performance est suivie de très près. Lors de mon arrivée chez Scotia en 2004, je remplaçais un analyste plus expérimenté, alors j’ai dû établir mon style pendant les premières années afin de fidéliser la clientèle interne et externe. J’avouerai cependant qu’un déclic est survenu lorsque j’ai commencé à me mettre dans la peau d’un gestionnaire de portefeuille. Cette perspective a grandement facilité mon approche dans mes multiples contacts avec les clients, aspect de mon travail que je préfère notamment. Le côté intangible de notre recherche peut parfois devenir lourd, alors le 60% du temps passé en présence de clients nous permet d’aller chercher de la rétroaction, de nouvelles idées.
Selon vous, quelles sont les compétences à posséder pour avoir du succès dans votre champ d’expertise? Quelle différence la désignation CFA a-t-elle faite dans votre cheminement de carrière?
Il faut définitivement posséder d’excellentes aptitudes de communication, orale comme écrite. Un certain bagage théorique ou académique aide, mais il faut être capable de synthétiser ses idées et de les rendre de manière efficace et compréhensible. La désignation CFA a indéniablement aidé ma carrière. À l’aube des années 2000, passer au travers du curriculum CFA m’a permis de parfaire mon apprentissage après mes années d’université.
Comment percevez-vous les perspectives de carrière dans votre secteur ? Quelles recommandations feriez-vous à quelqu’un qui amorce sa carrière dans ce domaine ?
Le secteur de la recherche financière est en train de subir un profond changement, particulièrement avec la nouvelle réglementation en Europe. Les firmes de gestion du côté « buy side » ont grandement développé et augmenté leur contenu. Ainsi, afin de continuer à ajouter une certaine valeur aux clients-investisseurs, je recommanderais à quiconque voulant joindre le domaine de la recherche de tenter de se différencier, de trouver une « plus-value » qui les démarque.
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Entrevue réalisée le 10 octobre 2017 par Jean-Pierre Cadorette, CFA et Frédéric-Bouchard Labonté, CFA