Entrevue carrière avec Anik Lanthier, M.Sc., CFA, Première vice-présidente, Marchés publics et stratégies de rendement absolu, Investissements PSP
Issue d’une famille d’académiciens de la région d’Ottawa, Anik Lanthier quitte la capitale nationale afin d’entamer des études en actuariat à l’Université Laval, à Québec. Elle y complète un baccalauréat en administration des affaires (B.A.A.), avant que l’appel pour le service public se manifeste une première fois. Elle songe ainsi à s’engager dans une maîtrise en administration des services de santé afin de combiner sa passion pour les affaires à son désir de faire une différence dans la vie des gens. Non sans hésitation, elle opte finalement pour une maîtrise en finance (M.Sc.) et décroche subséquemment un emploi à la Banque du Canada suite à une séance de recrutement sur le campus de l’université.
Forte de son cheminement au sein du programme CFA, Anik développe alors un intérêt marqué pour l’investissement et la gestion d’actifs. Elle quitte ses fonctions à la Banque du Canada pour saisir une opportunité liée au marché des actions au sein de la caisse de retraite d’Hydro-Québec. Dans son rôle de gestionnaire de mandats externes, elle innovera en y lançant un programme de fonds de couverture au début des années 2000. Anik fait ensuite définitivement le saut chez Investissements PSP en mai 2006, où elle gravit rapidement les échelons pour aujourd’hui y occuper le poste de première vice-présidente, Marchés publics et stratégies de rendement absolu.
Quand avez-vous commencé votre carrière et quel a été votre premier emploi? Était-ce le poste que vous souhaitiez?
J’ai officiellement débuté ma carrière à la Banque du Canada en 1997. La vocation quelque peu académique de cette institution m’a immédiatement plu et établissait évidemment certains liens avec l’environnement dans lequel j’avais grandi. Même si l’essentiel de mon travail d’analyse portait sur le secteur des titres à revenu fixe, j’ai rapidement été mise à contribution sur un projet qui visait à mettre sur pied une grande caisse de retraite pour la fonction publique, mieux connue aujourd’hui sous le nom d'Investissements PSP. Je ne me doutais pas, à l'époque, que j’allais finalement y œuvrer quelques années plus tard.
Avez-vous respecté votre plan de carrière? Combien de fois avez-vous changé d’employeur ou de poste au sein du même employeur jusqu’à présent? Quelle était la principale raison de ce ou ces changement(s)?
Bien que n’ayant pas de plan de carrière bien précis, j’avais une bonne idée de ce que je recherchais. Je désirais travailler dans le domaine de la gestion d’actifs, pour une entreprise d’envergure axée sur la performance. Investissements PSP semblait l'endroit idéal pour satisfaire à ces critères. Pas que je cherchais à quitter Hydro-Québec, au contraire, j’y apprenais et m’y plaisais beaucoup. Mais j’avais ce grand désir de vouloir faire partie de l'histoire de croissance de PSP. Gravir les échelons vient avec davantage de responsabilités mais également avec le privilège de pouvoir continuer d’innover et d'utiliser la créativité pour laquelle on me fait confiance.
Décrivez-nous le poste que vous occupez actuellement. Avez-vous rencontré des obstacles significatifs lors de votre cheminement de carrière? Qu’aimez-vous le plus dans votre emploi?
Je dirige présentement une formidable équipe de 80 personnes responsable de la gestion d’un vaste portefeuille d’environ 68 milliards de dollars, composé d’actions gérées activement ou passivement à l’interne, de stratégies internes de rendement absolu, de portefeuilles externes d’actions et de fonds de couverture. De plus, je supervise la négociation de toutes les classes d’actifs de l’organisation.
En ce qui concerne les défis auxquels j'ai dû faire face, la dernière crise financière en 2008 était sans équivoque l'un d'entre eux, mais ma progression a aussi occasionné à deux reprises des situations délicates sur le plan humain; devenir le patron de mes collègues. Tout en conservant une certaine collégialité, je me devais d’asseoir ma crédibilité, de mobiliser les ressources et l’équipe envers un objectif commun.
Finalement, ce qui me passionne le plus de mon emploi chez PSP, c’est l’immense potentiel d'innovation. C'est un privilège de travailler avec et de rencontrer des gens aussi intelligents et talentueux, de tester des concepts et de devenir précurseur dans certaines stratégies.
Selon vous, quelles sont les compétences à posséder pour avoir du succès dans votre champ d’expertise? Quelle différence la désignation CFA a-t-elle faite dans votre cheminement de carrière?
Bien sûr, vous devez être passionné, posséder une grande curiosité intellectuelle, mais plus important encore, une importante flexibilité intellectuelle. Prendre conscience que vous n'êtes pas toujours la personne la plus intelligente dans la salle et faire preuve d’humilité demeure la clé pour se remettre de ses erreurs et pour savoir quand laisser les autres prendre l'initiative. Vous devez comprendre vos forces et celles des autres afin de réussir à mobiliser votre équipe envers un but commun. Ces traits de personnalité sauront également vous aider à trancher et à prendre des décisions en temps opportun.
Je conseille fortement aux gens d'obtenir leur titre CFA rapidement dans leur carrière afin d’asseoir leur crédibilité et d’acquérir toutes les notions requises en matière de placement.
Comment percevez-vous les perspectives de carrière dans votre secteur? Quelles recommandations feriez-vous à quelqu’un qui amorce sa carrière dans ce domaine, et plus particulièrement, aux jeunes femmes qui songent à choisir ce métier?
Notre industrie traverse présentement d’énormes changements, que ce soit d’un point de vue réglementaire, mais surtout du point de vue technologie avec la montée en force de l’intelligence artificielle. Lorsque le meilleur joueur d’échecs au monde se fait battre par la machine, je m’attends indéniablement à des avancées semblables du côté de la finance. Je demeure toutefois très optimiste quant aux perspectives de carrière dans notre secteur. Je crois que les professionnels de la finance conserveront un rôle important, de concert avec ces innovations et ces changements.
Je prodigue souvent le même conseil, indépendamment du candidat : assurez-vous de développer vos capacités technologiques parallèlement à vos notions d’investissement. Il est également très important de perfectionner vos compétences de communication et de leadership surtout si vous désirez accéder à des postes de direction.
À votre avis, comment l’industrie du placement pourrait-elle s’y prendre pour augmenter la diversité de genre?
C'est dans la nature humaine d'embaucher quelqu'un qui est semblable à vous. Il faut davantage faire d’efforts, chercher, attirer des profils plus atypiques. Plus le nombre de femmes ou de minorités assumant d’importants rôles financiers continuera d’augmenter, plus le nombre de femmes ou de minorités embauchées progressera. C’est une roue qui tourne, et si un certain « momentum » s’installe, la diversité croitra exponentiellement.
De plus, il est important que nous ayons une réelle diversité au niveau des genres. Nous avons besoin de mettre de l’avant de vrais modèles féminins, y compris des mères qui réussissent à se démarquer dans leur milieu de travail tout en étant présentes et investies dans leur vie personnelle et familiale.