Davantage de décisions d’investissement intègreront les facteurs ESG

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Publié le 04 avril à 17:00, dansActualité financière

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Une entrevue avec Brian Minns, CFA, Directeur, Investissement durable chez Addenda Capital.

Q : Est-ce que la COP21 a augmenté la pression sur les compagnies concernant les enjeux liés aux émissions de carbone?

Brian Minns : Oui, l’Accord de Paris envoie un signal très fort aux entreprises que les différents gouvernements dans le monde vont prendre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) globalement. Bien qu’il n’y ait pas un impact direct sur les compagnies immédiatement, c’est une indication que les gouvernements autour du monde prennent le sujet très au sérieux.

Il y aussi des événements connexes. Par exemple, le « Financial Stability Board », présidé par Mark Carney, a lancé son initiative pour obtenir de la part des compagnies une meilleure divulgation des émissions et des risques liés aux questions climatiques. Le groupe de travail va identifier quelles informations manquent peut-être aux investisseurs en provenance des organisations dans lesquelles ils investissent. Ce groupe de travail va tenter de concilier les quelques initiatives volontaires ayant émergé sur les données liées au climat. Le « Task Force on Climate-related Financial Disclosures » doit faire des recommandations spécifiques d’ici la fin de 2016. À terme, les différents pays seront responsables d’introduire de nouveaux schèmes de divulgation dans leurs marchés des capitaux respectifs.

Q : Quelle sera la prochaine étape cette année?

B.M. : Le 22 avril prochain, nous surveillerons si l’Accord de Paris est ratifié par suffisamment de pays pour entrer en vigueur. C’est un élément-clé. Les États-Unis ont déjà laissé transparaître qu’ils allaient le ratifier, il serait donc surprenant que l’Accord n’entre pas en vigueur dès la première date prévue. Le terrain de jeux des compagnies autour du monde va changer, parce qu’à la base les comptes-rendus que font les pays sur les GES vont s’améliorer.

Q : Quels sujets de gouvernance vont souvent faire l’objet de votes durant la prochaine saison d’assemblées d’actionnaires?

B.M. : Aux États-Unis, nous continuerons de voir plusieurs propositions d’actionnaires sur ce qu’on désigne comme le « Proxy Acess ». Les actionnaires recherchent un accès plus facile pour mettre en nomination des administrateurs de leur choix au conseil, ce qui constitue un de leurs droits fondamentaux. Dans le passé, en tant qu’actionnaire, vous pouviez mettre de l’avant des gens que vous vouliez soumettre au vote, mais vous aviez besoin d’un bulletin de vote séparé. Il y une dépense importante associée à cette démarche. Un nouveau modèle a émergé dans les dernières années. Par exemple, des actionnaires représentant plus de 3% ou 5%, qui détiennent ces parts depuis plus de trois ans, peuvent mettre en nomination un certain nombre d’administrateurs représentant 20% à 25 % du conseil. Ces noms seront en fait inclus dans la circulaire qui est émise par la compagnie, ce qui réduit la barrière de coût.

Q : Dans la communauté financière, est-ce qu’il est encore parfois difficile de convaincre de la pertinence des facteurs ESG?

B.M. : Il y a un large éventail de positions des personnes par rapport aux facteurs ESG ou à l’investissement responsable. C’est important de s’assurer que les gens comprennent que nous avons dépassé le stade du filtrage selon des critères d’éthique. Nous en sommes désormais à une approche qui intègre ces facteurs dans les processus d’investissement avec l’objectif d’augmenter la valeur, en améliorant les rendements ou en gérant mieux les risques.

Si l’on n’appelle pas cela ESG ou ISR, et que l’on dit simplement voici des idées à considérer quand vous prenez vos décisions d’investissement, que l’on peut démontrer à travers de l’analyse quantitative ou par des études de cas que cette approche ajoute effectivement de la valeur, les gens sont réceptifs à cela.

(Entrevue réalisée le 23 mars 2016)